Voici le récit de course de Florence sur la diagonale des Yvelines qui s’est tenu le dimanche 6 Avril 2024.
Récit de Florence:
Je comprends maintenant pourquoi tout le monde me regardait comme une dingue quand je parlais de mon inscription sur un 100km. Vous avez, vous, l’intelligence de savoir que c’est un truc de dingue, sans avoir besoin de le vivre. Je n’ai pas votre maturité….
Si je reprends l’historique de cette inscription, elle commence au constat d’un mauvais tirage au sort et d’une année professionnelle dans le creux de la vague. Tant qu’à avoir le temps de s’entraîner, autant en profiter pour s’inscrire sur un gros truc. Et voilà le ver était dans le fruit…
Donc prépa à la Flo. : des sorties de plus en plus longues et régulières. Un doublon Auffargis, Givry. Mon corps m’a surpris : 90km de course en 6 jours et pas une courbature! Puis deux semaines de tranquillou bilou trotting avec vous (désolée coatch de n’avoir respecté de tes consignes que le sens de rotation). Bon aussi malade rhume toux, mais c’est passé.
Donc au départ j’étais bien, sereine, préparée, équipée. J’avais même une batterie externe et le cordon d’alim pour recharger tel et casque en cas de besoin : pour ceux qui connaissent mon amour de la techno , vous pouvez vous rendre compte que j’étais au taquet!
Au départ, la distribution des flyers de l’enjambee a été l’occasion d’aller saluer tous les autres coureurs. J’ai vidé tout mon stock en 10 minutes!
La course se passe bien. Des copains gentils pour parler. J’ai rencontré celui qui nous fera le chrono à l’enjambee : très sympa.
Très vite Laurent part devant. On retrouve Julien aux ravito.
Mon Stephane est toujours dans mon angle mort. Même si on se sépare parfois, quand j’arrive au ravito il est 4 mètres après moi. Mon ange gardien.
Les ravito arrivent toujours au moment où je n’ai plus d’eau. Nickel sauf que…
De la boue à n’en plus finir.
Du vent chaud qui te débouche les oreilles sur le plateau agricole.
De la boue.
Des rivières.
Des flaques incontournables.
Des ronces que te griffent bras et jambe quand tu contournes.
Impossible de faire la technique du « à fond au milieu » : cette boue agricole est pleine de graviers qui rentrent dans ta chaussette, se coincent dans ta chaussure et se bloquent au choix contre le tendon d’Achille ou sous le talon ou entre les doigts de pied!
Bon c’est la vie, j’ai l’habitude de gérer ça.
On avance.
On se pose à midi.
On repart. Les 50 km tout frais nous doublent en nous aspergeant de boue : ça manquait. Mais aussi ils nous encouragent. Jean Philippe un copain de mon frère rencontré sur Auffargis reste avec moi et m’encourage.
Tout va bien. Je passe le seuil des 60 km … et je rentre dans l’inconnu n’ayant jamais fait plus long.
70 ça passe. C’est dur mais ça passe
80, ça commence à être autre chose.
Tes fonctions vitales te lâchent les unes après les autres.
- plus faim, mais tu te forces à manger car tu sais que ton corps en a besoin.
- plus envie de courir en dehors des descentes, mais la marche nordique ça passe encore
- plus de proprioception : tu te tords la cheville à la moindre racine sans pouvoir réagir
- plus envie d’écouter de la musique ça te tape sur le système
- plus de téléphone qui charge dans le camelbag
- plus possible de lever les pieds assez : le moindre caillou t’arrache un orteil
- plus possible de lire sa montre qui me donne de toutes façons 6 km de plus que Steph
- plus possible de parler (et si!)
- plus possible de courir du tout
- plus possible même de respirer tellement ta gorge est crispée respi d’asthmatique
J’ai découvert le bout de ma vie.
Après une bière, une tartiflette, un bisou de mon Doudou et de papa et maman venus en surprise, ça va mieux.
J’ai pu lire vos messages de soutien. Merci beaucoup.
Je comprends pourquoi je dois écouter les gens qui disent que je suis folle.
J’ai découvert le côté obscur.
Résultat:
Antoine Sylva : 07:06:17 (50 Km)
Florence Brachet : 14:47:21 (100km)
Julien Vantomme : Abandon au 70ième (100km)
Laurent Bernard: 13:42:50 (100km)
Bravo a ces 4 warriors du jour, je ne sais même pas, humainement parlant , comment on peut courir 100 bornes et plus !
C’est un défi titanesque ! Massive respect !