Voici le récit de course de Laurent B sur la Diagonale des Yvelines qui s’est déroulé le Samedi 1 Avril 2023.
Récit de Laurent B :
Après la SaintéLyon en décembre de l’année dernière et le trail des Fontaines à côté de Cahors terminé le 11/02/2023, restait à finir le programme de 3 « petits » ultra trail, ou trails longs, en 4 mois.
J’hésitais beaucoup entre l’Ecotrail et la Diag 78. Finalement le choix s’est porté sur cette dernière course. Elle est un peu plus longue et permet de passer la barrière des 100 km. (ou presque…99,5 km). Elle est locale comme son nom l’indique et pour le bien de la planète, sujet d’actualité chez les coureurs mais pas seulement, le choix semblait judicieux. Ca permettait donc de faire une course quasiment à la maison. Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu’on peut avoir à côté de chez soi. Et CHUBAKA m’avait dit que c’était une super course, sans doute plus sympa que l’Ecotrail par rapport à ce que je voulais faire. Finalement le choix définitif s’est fait à quatre semaines environ de la course.
La préparation n’était pas spécifique. Le but était de profiter du travail déjà effectué pour le Trail des Fontaines à CAHORS avec ses 86 km et 3600 de D +. Ce fut donc en février une semaine de repos complet, puis une reprise en douceur la deuxième semaine suivant la course et le retour du travail à partir de la 3 ème semaine avec environ 100 km par semaine. L’objectif était également de placer sur les 4 ème et 3ème week ends avant la DIAG 78 des « blocs « avec des 20 km le samedi et 38km le dimanche ajouté à des sorties sport en famille, pour finir plus cool.
Finalement le repos final qui devait être progressif sera plus brutal que prévu avec une petite blessure à l’entraînement du mardi, à 12 jours du départ, qui m’obligeait à un repos relatif. Peut-être un bien d’ailleurs au final?
Le jour J arrivait donc avec un lever à 03h30. Départ 04H45 de la maison, avec le plaisir d’être accompagné de ma moitié, direction Breuil Bois Robert. L’attente se faisait dans une petite salle communale dans une ambiance « petite course sympa » avec les 130 coureurs environ qui étaient au départ sur les 150 annoncés.
Mon épouse qui rêvait de retourner se coucher me tenait finalement compagnie jusqu’au départ.
Celui-ci était donné dans une ambiance humide et fraîche avec un petit vent glacial qui ne nous quittera quasiment jamais jusqu’au milieu d’après-midi
Le plan prévoyait un faible dénivelé et les premiers kilomètres le confirmaient. Il n’y avait pas de difficulté majeure ou de terrain très technique. Les premiers kilomètres s’avalaient donc à une bonne vitesse en petits groupes avec la possibilité de doubler dans beaucoup d’endroits.
Je commençais prudemment car il y a toujours le risque de se « cramer » sur du long et en général ça se paye très cher par la suite.
L’incertitude de la blessure se confirmait avec au bout de 2 km la douleur derrière la cuisse qui revenait. Elle me suivra environ jusqu’au 25 ème km. C’était pénible, très pénible. Impossible de courir détendu. J’envoie un message à ma femme pour la prévenir, histoire qu’elle ne se rendorme pas trop vite. Je décide de ralentir mais chaque foulée me fait sentir que la jambe est dure. Je continue quand même car comme je l’ai déjà entendu, et ça me plaît d’y croire, les muscles derrière la cuisse sont gros et ils ne cassent pas, surtout quand on court doucement. De plus, ce trail se fait quasi exclusivement sur des sentiers assez souples sans gros piège.. Donc il faut continuer pour se chauffer et la douleur passera. Finalement ça tiendra et s’estompera complètement.
Le premier ravitaillement à Orgerus arrivait assez rapidement en ayant l’impression de n’avoir jamais marché. Comme d’habitude, je ne regardais pas ma montre au début me contentant de courir au feeling. Thomas LORBLANCHET a l’habitude de dire qu’il faut toujours courir en ayant la sensation qu’on peut accélérer facilement. J’aime bien cette idée. Je prenais le temps de bien boire et de manger un peu. Je repartais après un arrêt un peu plus long le temps de prévenir une ampoule qui commençait à se former sur un des orteils.
Je reprenais la course sur un rythme un peu plus soutenu au fur et à mesure que la douleur s’estompait tout en profitant du paysage. En effet, nous avons un beau terrain de jeu dans les Yvelines avec une forêt magnifique, des chemins assez souples dans beaucoup d’endroits, des étangs…etc. Ce fut à ce moment précis une course vraiment sympa. J’arrivais ainsi au deuxième ravitaillement en commençant à doubler pas mal de concurrents sans avoir l’impression de forcer. Je continuais ainsi et arrivait ensuite assez facilement au 50 ème km, au ravitaillement des Etangs de Hollande.
Avec le recul, je passais finalement toute cette première partie de course en ayant bien bu , régulièrement, mais finalement sans trop m’alimenter. Je me disais toujours : »oh ça va, encore quelques kilomètres…… » . C’est ainsi qu’ au 50ème je faisais notamment l’impasse sur le petit plat de pâtes. Je mangeais juste un petit sandwich maison mais qui avait du mal à passer.
Au final, quelle erreur !!
Je repartais plus doucement car je commençais à sentir quelques difficultés pour relancer mais je parvenais quand même à doubler deux ou trois coureurs.
Finalement, arriva le kilomètre 65. Et là, le gros coup de massue. La lumière s’est complètement éteinte ! Impossible d’avancer, plus de force et obligé de m’arrêter. J’essayais de manger et boire mais c’était trop tard, plus rien ne rentrait. Je me réalimentais avec des petites gommes GU, efficaces mais qui à ce niveau de course ne font plus trop effet ou alors très lentement.
J’optais alors pour la marche, en réalité j’avais pas vraiment le choix, ce que je fis sur environ 1,5/2 km. Puis, j’adoptais encore un conseil de Thomas LORBLANCHET pour limiter la casse.
Ainsi, quasiment jusqu’à la fin, je marchais 1 km puis courrais 2km puis marchais 1km et ainsi de suite…. J’avançais ainsi, à ce rythme, avec des variables qui consistaient à courir dans toutes les descentes et marcher dans toutes les montées même les plus douces. (Ce fut mon rythme quasiment jusqu’au 92/94 ième km.)
Arriva peu de temps après , vers le 72ème/73ème km, une légère grêle qui ne venait pas arranger les choses. Dommage car cette partie du parcours sous les arbres et le sol très souple étaient vraiment là aussi très sympa. J’aurais aimé pouvoir mieux en profiter.
Je continuais ainsi en essayant quand même de rattraper mes erreurs et de me réalimenter plus régulièrement entre les ravitaillements de La Sablière et Clairefontaine. Je m’arrêtais très peu sur ces deux points, juste assez pour recharger les flasques, n’ayant jamais trouvé un aliment à mon goût.
Je commençais finalement à regarder ma montre et me disais qu’il serait peut-être possible de passer sous les 12h00. J’arrivais vers le 94 ème km à relancer mais le moteur était HS et ce n’était qu’une illusion. Impossible d’accélérer et je reprenais la course régulière mais très lente. Je finissais surtout par admettre que le plus important était de terminer ce que je faisais au final en 12h28.
Quel plaisir à ce moment-là de retrouver ma petite famille à l’arrivée. Ca me procure toujours autant de plaisir.
Sensation de plaisir que j’avais également ressenti, comme sur les autres courses, à 4/5 km de l’arrivée, quand on sent qu’on y est presque. En ce qui me concerne, c’est toujours un moment très fort.
Finalement, ce fut une course qui fut sans doute la moins difficile techniquement mais la plus éprouvante à digérer des trois dernières. Un super terrain de jeu, beau, abordable, à domicile, et une envie d’y retourner l’année prochaine. Une course locale avec plusieurs distances proposées. Surtout, la même leçon, toujours s’alimenter dès le début de la course , ne pas se laisser griser comme ce fut le cas car sinon ça se paye très cher à l’arrivée. Et ça s’est payé très cher…. Une bonne leçon pour début juillet et en principe une autre petite sortie.
Merci pour ce récit Laurent, suis nul en trail et je suis admiratif devant tant d’efforts sur d’aussi longues distances. J’aime beaucoup aussi la « leçon » concernant l’alimentation qu’on peut tous retenir! C’est aussi à ca que servent les récits!
Tu te bats, tu finis et nous on apprends !
merci laurent pour ce beau récit ! Chewbacca te remercie et sera surement sur cette distance l’année prochaine !
Bravo Laurent ! Belle persévérance
J’aime bien aussi la leçon sur l’alimentation, on devrait faire des entraînements.
Bravo Laurent . Avec une telle distance et une blessure qui se réveille, il faut avoir un super mental. Moi aussi j’aime la leçon sur l’alimentation.
Bravo Laurent! Je n’ai jamais fait de longues distances: merci pour le partage de ton expérience. Un mental d’acier pour continuer avec la blessure puis le coup de massue au 65 km ! Bravo.