Migoual Concept Race 2022 5


Voici le récit de Didier sur la Migoual Concept Race qui s’est déroulée le samedi 09 Juillet.

 

Récit de Didier :

2/3 de Migoual

Bon anniversaire Yvan

La course : 130 km, +/- 3 700 m D+, un aller – retour entre Millau et le Mont Aigoual, Pas de balisage autre que celui d’un GR un peu oublié (mais bien rénové), une trace GPX, Pas de dossard, pas de classement. Un trail qui se rapproche du Off, mais avec une organisation au Top et des bénévoles au petit soin pour les coureurs. Petite particularité, on apporte une bière au briefing d’avant course et on ramène une pierre du parcours pour faire les trophées de l’année prochaine. La course se fait en équipes de deux ou trois avec possibilité de changer d’équipe pendant la course. Une seule obligation, ne jamais laisser un coureur seul.

Tout commence en décembre 2021 quand Yvan, un ami connu grâce à notre groupe Courir Le Monde (courirlemonde.org), un rassemblement de fondus de course à pied de tout niveau qui ont plaisir à se retrouver aux quatre coins du monde pour des beaux moments de partage et de convivialité. Mais revenons à nos brebis, Yvan m’appelle donc pour me convier à participer avec lui à cette course confidentielle. Course très confidentielle (99 inscrits Max) que Benoit un autre ami CLM a su dénicher et nous proposer. Malheureusement, il s’est blessé (enfin, c’est ce qu’il nous a raconté) pendant une sortie de préparation dans les Calanques et ne pourra pas être des nôtres. Nous n’aurons de cesse de penser à lui pendant notre périple.

Très heureux et touché de sa proposition, nous ne jouons vraiment pas dans la même cour concernant le trail, je m’empresse d’accepter avant qu’il ne change d’avis.

La préparation n’est pas au Top, voir inexistante, le régime alimentaire, joker !!! C’est en « léger » surpoids et un peu anxieux que je retrouve Yvan le vendredi après-midi pour rejoindre MILLAU ; Le briefing est excellent, beaucoup d’auto-dérision au milieu de préventions sérieuses. C’est dans cette ambiance très décontractée que nos deux camarades d’aventure Jean-Noël et Christophe nous rejoignent. Soirée sérieuse au gite, poisson et riz préparés par Yvan, dodo de bonne heure. Comme d’habitude, mauvaise nuit, beaucoup d’angoisse, je sais que je ne suis pas prêt et que j’emmène Yvan dans une looooongue balade au mieux, galère au pire, mais la possibilité de changer d’équipe pour lui en cas de coup dur me rassure un peu.

Samedi, jour de course, driiiing 4 h 30, le réveil sonne et me sort de ma torpeur. L’angoisse est là, j’ai la trouille, on petit déjeune, chacun avec sa potion magique, ce sera muffins myrtille pour moi, préparation Gatosport. 5 h 40, nous voilà devant les braséros, sacs base vie déposés, on attend le départ. Derniers conseils de l’organisateur, dernières photos, coup de fil à ma Choupinette, on se tape dans les mains et nous voilà partis à 6 h 03, heure de lever du soleil.

Les deux équipes formées, Jean-No et Christophe d’un côté, Yvan et moi de l’autre, partent chacun à son rythme, c’est-à-dire pas trop vite pour nous et laissant les costauds (ou les inconscients) partir devant. 500 m de course et on attaque la première grimpette, 4 km de montée pour aller sur les contreforts de la Pouncho d’Agast, base de décollage des parapentes. Surpris d’être encore bien après cette première belle montée nous alternons course et marche au hasard de la configuration du terrain, papotant avec les autres concurrents et admirant les paysages. Nous sommes rejoints par nos deux camarades assez rapidement alors que nous étions persuadés qu’ils étaient devant et c’est à 4 que nous poursuivons.

Km 11, Longuiers, premier pointage, première surprise, Ravito Tripoux, Fouasse, Saucisse sèche, du bonheur, on est chaud pour le reste.

Km 17, Maubert, une auberge au ravito /pointage, mes camarades prennent un café, je décline l’offre, les prémices de la suite arrivent déjà. Puis boum !!! La nouvelle tombe, nous n’iront pas sur le Mont Aigoual, la préfecture du Gard ayant interdit l’accès au massif. Nous devrons opérer un demi-tour à Lanuéjols soit +/- 23 km avant l’objectif. Grosse déception pour tout le monde, évidemment aucun grief, aucune rancœur, nous sommes autant déçus pour les organisateurs que pour nous. Mais continuons à prendre du plaisir et à jouir du merveilleux spectacle que nous offre dame Nature

Nous continuerons encore un peu avec nos deux Zamis avant qu’ils ne s’éloignent inexorablement, comme tous les coureurs qui nous entouraient. Nous nous retrouvons seuls, je commence déjà à perdre pied, je le savais, je le craignais, ça va être long, très long et encore plus pour mon camarade d’infortune. Je lui dis, je m’excuse, lui explique que je suis triste pour lui, que je lui gâche sa course et il m’engueule, « On est partis à deux, on finira à deux » Il m’apprend que c’est son anniversaire, honte à moi de ne pas l’avoir su. Il m’explique qu’on va passer une super journée de partage et d’amitié sur ces chemins aveyronnais. Et ça repart, il me laisse devant pour que je donne le rythme, si on peut dire ça, j’essaye de courir dés que le terrain le permet. 9a devient assez technique par endroit et de plus en plus dur

Km 26, une fontaine dans le hameau de Montméjean, c’est Juste un endroit magique. On s’arrête un peu plus longtemps pour que je me refasse un peu. La dernière équipe encore derrière nous, un couple de limougeauds très sympathiques nous rejoint et nous repartons ensemble. Mais comme tous les autres, ils s’éloignent et c’est seuls et bons derniers que nous arrivons au pointage. C’est pô grave, ya pô de classement.

Et Voilà, ça commence. Sur le roadbook, ils nous informent que la partie technique est terminée, on va devoir courir maintenant. Une montée assez longue, pas technique du tout, finit le boulot et m’achève. C’est un clown en plein désarroi que Choupinette aura au téléphone au km 30. Je suis dégouté, je n’ai pas du tout la forme, je m’excuse auprès de mon compagnon, il m’engueule à nouveau, je ne l’embêterai plus avec ça. J’essaye de courir quand le terrain descend mais je ne peux plus, des contractures derrière la cuisse m’empêche de partir, je suis déconfit.

Km 35, La Bouteille, je m’assois, retire le sac et prends mon temps, il faut que je récupère. Yvan, au Top de sa forme, papote chaussure avec le bénévole présent. Je me rends compte que je ne sais même pas son prénom, il était là à tous les ravitos/pointages à partir de ce moment, mais c’est vrai que je ne parlais déjà plus beaucoup. Je joue avec le chien, récupère, bois beaucoup et c’est reparti pour 10 km avant la base vie. En partant du ravito, on croise les premiers qui nous applaudissent, énormes !!!! On apprendra plus tard qu’ils ont dû abandonner, victimes d’un coup de chaud. Il a fait vraiment très chaud. Entre ce ravito et la base vie on croisera toutes les équipes encore en course, et toutes, toutes, ont eu un mot, un applaudissement, une tape dans la main pour nous. A chaque fois un grand moment.

Le chemin jusqu’à la base vie est long, rien de compliqué, on est sur le plateau (je crois), une succession de faux plats, montants, descendants, montants. J’ai eu l’impression que ça montait tout le temps, et surtout je ne peux pas courir, c’est triste, je dis tout le temps à Choupinette qu’on n’est des coureurs, pas des marcheurs et je n’arrive plus à faire 3 foulées sans contractures. Trop d’entrainement je pense. Pas un brin d’ombre, entre 13 h et 15 h, un cagnard, je venais ici afin de m’entrainer pour la Jordanie, je suis servi. Heureusement que ça ne monte pas fort. Et c’est au train de sénateur que nous arrivons enfin à la base vie, nous y croisons nos deux compères, Jean-No et Christophe qui repartent. Je vais directement m’allonger par terre, les jambes relevées pour récupérer, Yvan s’occupant de récupérer le sac avec nos recharges pour le retour. En vidant mon petit sac poubelle, je m’aperçois que je n’ai pris que 3 gels depuis le départ, pas assez, mais je n’ai pas faim. Yvan me force à prendre des lasagnes, de la soupe, je m’exécute. Et, cerise sur le gâteau, on m’apporte une bière sans alcool. J’apprendrai que c’est Yvan qui les a apportées pour que je puisse avoir ma bière comme tout le monde. Merci. J’appelle Choupinette et constatant mon état, elle me demande d’arrêter. Que nenni, il continue le clown.

On repart requinqués, et c’est parti pour le retour à Millau. Les 10 premiers km se passent plutôt bien. Nous marchons à bonne allure, Eh oui, je ne peux vraiment plus courir du tout. Yvan agrémentant notre balade d’anecdotes, lançant des sujets de conversation pour me faire parler et ainsi détourner mon attention des grimpettes et multiples douleurs qui m’assaillent. J’ai été un bien piètre compagnon. J’entendais quelques fois des « hors trace » de la part de mon ami et nous revenions sur nos pas jusqu’à la trace, jamais très loin. J’étais aussi venu pour m’entrainer sur l’orientation, Yvan a tout gérer de main de maitre et tant mieux, je pense que je n’étais pas toujours lucide.

Nous commençons les pointages retour, ça devient bon. Je n’ai plus qu’à laisser filer advienne que pourra. On compte les km à l’envers. Km 35, La Bouteille, ça va, pas trop entamé, voir mieux qu’à l’aller, ça va être long mais ça va aller. On repart tranquille direction Montméjean, plein cagnard, de longues montées, Au moins une grande qui m’a marqué, je prends un coup de chaud, suffoque, je n’y arrive pas, obligé de stopper constamment, mettre la tête sous le moindre bout d’ombre, c’est la portion la plus compliquée pour moi, je n’arrive pas à gérer, je galère. On arrive à Montméjean, km 30, je me demande comment je vais faire. Je ne peux pas abandonner. Etant les derniers, plus aucune équipe ne pourrai « récupérer » Yvan et il serait obligé de s’arrêter, Pas aujourd’hui, c’est son anniversaire quand même. Choupinette m’appelle, je lui explique la situation, elle s’inquiète, je lui dis qu’Yvan veille sur moi, tout va bien se passer. On repart, on s’arrête, on repart, on s’arrête, on s’arrête, ah non, on n’était pas repartis. Arrivés à la petite fontaine, km 26, Yvan me demande si je mange bien, je lui avoue du bout des lèvres que je n’ai pris qu’un gel depuis notre départ de la base vie. Il me force à manger, même en plusieurs fois, mais il faut manger du solide. Et ça repart.

Dans les premières remontées, Yvan m’explique comment respirer mieux, réduire ma foulée en montée, manger régulièrement, ça se passe mieux, grâce à ses conseils, sa bienveillance, sa patience, on avance. Je n’aurai plus de trou d’air. Le soleil commence à descendre, la température aussi, ça va mieux. Yvan me montre le profil restant, encore deux grosses côtes et les descentes qui vont avec, et c’est le retour. Evidemment, je m’inquiète, vais-je y arriver ? Grâce à ses conseils, en ralentissant, en respirant, ça passe bien, pas vite, mais bien, la première côte est longue, technique, je suis surpris de ne pas trop souffrir. Allez, plus qu’une grosse et on a fait toutes les difficultés. Mais il y en a plein d’autres, pas grosses, mais après 70/75 km, ça pique, mais ça passe. Au hasard d’un chemin, on retrouve notre ami bénévole, toujours présent avec son chien, il est là, il nous attend, nous propose à boire. Un Grand Merci. On lui dit de repartir à Millau, de nous laisser juste une bouteille au ravito, on s’en débrouillera, NON, les bénévoles seront avec nous jusqu’au bout.

On repart, on se plante et on rentre presque chez de gentilles personnes qui nous remettent sur le droit chemin. On a sorti les frontales, la nuit est là, pleine de mystère, une autre course commence. Yvan s’éloigne un peu et je me retrouve seul longeant des rochers aux formes étranges, dans de petits chemins étroits et bordés de haies. Je ralentis vraiment le pas et avance plein de crainte, ça n’a pas duré longtemps, mais suffisamment pour que j’ai la trouille, j’ai peur dans le noir. J’en fait part à Yvan dés nos retrouvailles, il ne me lâchera plus. Bien chiant le clown quand même.

Km 17, Maubert, les bénévoles sont toujours là, présents au milieu de la nuit, pour nous soutenir, nous apporter du réconfort et de l’eau aussi. On se donne rendez-vous au km 11 et ça repart. On avance, à mon rythme, mais on avance. Je ne parle plus, je suis cuit, faut finir maintenant. Yvan me distille ses conseils pour que tout se passe bien, entrecoupant ses phrases d’indications sur le chemin « dans 200 m, on bifurque à droite » Etc……… Il en profite pour me prodiguer des conseils d’alimentation, c’est Top, et on avance, on ne voit plus grand-chose, mais on avance.

Km 11, Longuiers, dernier pointage, dernier rendez-vous avec les bénévoles/organisateurs en Or, on papote, on s’abreuve et on repart. On monte, on descend, plus rien de vraiment compliqué, il fait nuit, faut finir maintenant. J’appréhende les 4 derniers km et cette descente du Pouncho d’Agast, J’ai tort, tout se passe bien. Il faut ramasser un caillou et le ramener à l’arrivée, j’attends presque le dernier moment. Yvan prendra le sien au alentours du km 3 et moi vers le km 1,5. Faut le ramener, faut finir maintenant. Les lumières de la ville s’approche, on touche au but, ce caillou m’emm……….., mais je le ramènerai, Yvan me propose de le porter, non, c’est gentil, mais je le ramène. Yvan descend un peu plus vite, il veut finir, je le comprends, il m’attend encore au détour d’un dernier virage « Allez, plus que 300m, on est arrivés » On longe les campings, on croise le couple limougeaud qui a fini aussi. On arrive, ça y est, on y est, on l’a fait, merci Yvan, Bon anniversaire. Il n’y a plus personne, on est les derniers, mais non, les Organisateurs/Bénévoles sont là, ils nous attendent, nous applaudissent, encore un moment magique comme cette aventure nous en distillé tout au long de la journée.

Je n’étais pas prêt, je n’avais pas le niveau, je ne sais pas si j’aurai pu finir sans Yvan (je ne le pense pas), je ne sais pas si j’aurai pu finir si on était montés à l’Aigoual (je ne le pense pas) Mais je n’aurai pas voulu rater cette aventure, ce périple riche en rebondissements et enseignements et cette belle journée de partage avec Yvan, un moment magique comme la vie peut nous en offrir, grâce à des gens merveilleux.

Merci à Tous pour ces beaux moments de vie

En 2023, j’espère y retourner, si une équipe cherche un boulet

Ah oui, je ne vous ai pas parlé des paysages, oups !!!! Il faut venir pour savoir ;0)

 

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